Le travail collaboratif en ligne : quel intérêt pour les écrits scientifiques ?

12182285_10200901553378089_1923131513_nAuteur : Djossè Tessy, Bénin

Djossè Tessy est étudiant en Architecture de l’information à l’École Normale Supérieure de Lyon (France). Pour le joindre : tessyromeo@gmail.com

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L’Internet, les réseaux sociaux et les applications du Web ont changé la manière de concevoir la rédaction d’un écrit scientifique. S’il y a quelques années, il n’était pas possible de travailler à deux, trois ou plusieurs sur un même document de façon synchrone ou asynchrone, aujourd’hui cette possibilité existe.

Une expérience vécue

Pendant que je réalisais mon mémoire de licence en documentation, j’ai eu l’idée de me faire relire par plusieurs personnes afin d’avoir un travail de bonne qualité. Cette idée était partie du fait qu’une rédaction scientifique ne pouvait plus être conçue comme la seule réflexion du chercheur. Elle devait faire intervenir des personnes extérieures au travail, susceptibles d’y apporter leur regard objectif mais qui pouvait aussi être subjectif. J’avais proposé à quelques amis qui n’étaient pas de mon domaine d’étude de me relire. J’en avais fait de même avec des professeurs, des documentalistes qui avaient plus d’années d’expérience que moi. Les retours étaient justes magiques. Chaque lecteur avait fait des remarques qu’aucun autre du panel d’une dizaine de lecteurs n’avait faite. Des phrases moins bien construites que d’autres, des fautes de syntaxe, tout était relevé. La diversité des lecteurs avait aussi quelque chose de passionnant. Quand quelques-uns s’intéressaient à la démarche méthodologique de rédaction d’un écrit scientifique, d’autres s’attardaient plus simplement sur la forme du document. Le tout était utile parce qu’un document bien élaboré devait tenir aussi bien dans l’argumentation et la démonstration que dans sa présentation. Le croisement des différents points de vue des lecteurs avait permis d’avoir un rendu plus précis. Le mémoire avait tenu ses promesses. Le jury avait reconnu sa clarté, sa propreté (oui ! il n’y avait pas de fautes) et son élégance.

Cette première expérience fort enrichissante, m’a alors permis, au moment de la rédaction de mon mémoire de master 2, de miser sur un panel de lecteurs arbitrairement constitué (et c’est ce qu’il faut faire !) de personnes de différents horizons à la fois géographiques et intellectuels.

Cette fois-ci, une nouvelle stratégie a été mise en place. Je n’étais pas seul. Avec deux autres amis, nous avons entrepris de nous relire mutuellement et avec rigueur (c’est ce qu’il faut). La règle, c’était de faire toutes les observations possibles, même si elles étaient gênantes mais toujours dans le respect mutuel. Après cette première phase de relecture en triangle, chacun avait envoyé son travail à des personnes qui étaient ou non de son domaine de compétences. L’intérêt c’était de se faire relire par ceux qui avaient plus d’expérience aussi bien professionnellement qu’en matière de recherche, parce qu’il ne s’agissait pas du même type de lecture. A priori, les premiers s’étaient intéressé aux différentes sources convoquées dans le manuscrit, au développement des idées et à leur teneur scientifique. Les seconds s’étaient intéressé, de leur côté, à l’enchaînement des idées et à leur cohérence, à la forme du document, aux fautes, etc. Ces différentes lectures nous ont permis d’améliorer nos mémoires.

Quand travailler de façon collaborative simplifie la vie

Aujourd’hui, avec tous les outils de travail collaboratif développés sur Internet, il serait dommage de gaspiller du temps et de l’énergie à vouloir travailler tout seul. Par exemple, pour rédiger un mémoire, on a aujourd’hui la possibilité de le faire en ligne en créant un document Google dont il ne resterait qu’à partager le lien d’accès avec ses différents lecteurs. Ces derniers peuvent y faire des modifications, ajouter des commentaires, renvoyer vers d’autres références en ligne. N’est ce pas plus simple ?

Autrement, il existe la possibilité d’annoter des documents pdf en ligne. L’application Kami offre cette opportunité. Avec les wikis, le partage de l’information se fait plus rapidement grâce à la possibilité de l’écriture collaborative. Je l’ai compris. Alors qu’il y a quelques années, on ne pouvait pas envisager de travailler de façon collaborative, je peux vous assurer que le travail collaboratif permet de donner une valeur ajoutée en terme de qualité et de précision au document scientifique. Et, la cerise sur le gâteau, le travail collaboratif peut permettre de créer une solidarité et une amitié entre ses différents relecteurs.

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