Favoriser la contribution en Afrique et en Haïti et sur l’Afrique et Haïti dans une optique de justice cognitive et de science ouverte

ÉmilieAuteure : Émilie Tremblay

Émilie est doctorante en sociologie, UQAM, membre des Classiques des sciences sociales et de l’Association science et bien commun. Pour lui écrire : emiliet82@yahoo.fr.

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Ce billet s’inscrit dans le cadre de la Semaine internationale du libre accès 2015.

L’Association science et bien commun (ASBC) et le projet Science ouverte en Haïti et en Afrique francophone (SOHA) organisent en ce mois d’octobre leurs premières journées contributives Wikipédia afin de participer à la fois à la Semaine internationale du libre accès 2015 et au festival Le Temps des communs, un festival dédié aux (biens) communs dans toute la francophonie. Ces journées contributives visent à favoriser la contribution aux pages sur l’Afrique et sur Haïti.

Pourquoi des journées contributives Wikipédia ? Wikipédia est un bien commun extraordinaire qui ouvre un monde de possibilités. C’est un modèle formidable de science citoyenne ainsi qu’espace collaboratif, évolutif et multilingue fascinant. L’Encyclopédie Wikipédia existe dans près de 300 langues, dont plusieurs langues africaines et créoles : yoruba, wolof, peul, malgache, lingala, kiswahili, ewe, créole haïtien, amharique, akan, etc. Bien sûr, on est loin de la Wikipédia anglophone qui compte près de 5 millions d’articles ou de la Wikipédia francophone qui totalise plus de 1,6 million d’articles. Certaines versions comptent à peine une centaine d’articles et d’autres, plusieurs milliers. L’espace est là pour améliorer etWikipedia contribuer à ces versions de Wikipédia ou pour en créer de nouvelles dans d’autres langues.

Au quotidien, on utilise Wikipédia pour vérifier des mots, des expressions et des concepts ou encore pour s’informer sur une ville, un lieu, un artiste, une scientifique, un évènement historique, une équipe sportive ou une institution d’enseignement. L’Encyclopédie Wikipédia permet aussi de valoriser une diversité de savoirs et d’histoire, de mettre en valeur la contribution de femmes et d’hommes remarquables dans les domaines scientifiques, politiques, culturels, artistiques, économiques, sociaux, etc., de partout dans le monde, et de présenter des évènements en cours et passés. De Port-au-Prince à Yaoundé, de Dakar à Abidjan, on visite des pays, on découvre des cultures et on plonge dans l’histoire à travers des portails, des catégories et une diversité de projets. D’Ibn Khaldun à Cheikh Anta Diop, de Wangari Maathai à Wole Soyinka, d’Awa Thiongane à Segenet Kelemu, Wikipédia est un outil fantastique pour viser plus de justice cognitive et éviter ce que l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie appelle les dangers d’une histoire unique.

Cependant, ces objectifs ne pourront être atteints sans la participation et l’apport de contributeurs et de communauté de contributeurs de partout dans le monde, et sans une réelle prise en compte d’un pluralisme et d’une véritable écologie des savoirs, pour reprendre l’idée de Boaventura de Sousa Santos. Actuellement, l’Encyclopédie est majoritairement le fruit de contributeurs issus de pays occidentaux, et donc de certaines conceptions du monde, malgré l’idéal de la neutralité du point de vue. De plus, les sources et les références valorisées ne dérogent pas tellement aux canons actuels de l’écriture scientifique. À quand, par exemple, la reconnaissance des savoirs et des traditions orales comme source importante et crédible de connaissance ? Enfin, le concept de notoriété, si louable en théorie, conduit à rejeter certaines connaissances et formes de connaissance qui ne satisfont pas à ce critère. Maja van der Velden, dans un texte fort intéressant, appelle justement à décentrer Wikipédia.

L’espace est là pour que l’encyclopédie se développe en d’autres langues et que l’histoire et les évènements soient écrits, présentés et expliqués par des gens issus de différentes cultures et de différentes régions du monde. De beaux projets visent justement à favoriser la contribution en Afrique et sur l’Afrique tels que WikiAfrica et Afripédia. D’autres projets visent à mettre en valeur et à protéger des langues, des cultures et des communautés plus minoritaires et marginalisées.

Nos journées contributives sont ainsi organisées pour favoriser la contribution en Afrique et en Haïti et sur l’Afrique et Haïti dans une optique de justice cognitive et de science ouverte. On vous attend les 23, 24 et 25 octobre prochain pour des contributions virtuelles! Des activités de formation/contribution se dérouleront à Douala au Cameroun et à Dakar au Sénégal. La présentation sur Comment contribuer à Wikipédia se tiendra le 21 octobre à la Bibliothèque universitaire Cheikh Anta Diop et elle sera donnée par Assane Fall, bibliothécaire et assistant du projet SOHA. La journée de formation à Douala se tiendra le 21 octobre à l’ENSET (École normale supérieure de l’enseignement technique). Elle sera donnée par Georges Fodouop, informaticien à l’Institut français de Douala.

Projets concernant la contribution sur l’Afrique :

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