Pour un patrimoine scientifique africain en libre accès

Allocution prononcée par Florence Piron, professeure titulaire à l’Université Laval, lors de la séance plénière de la 36e session du Conseil des ministres du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur, Cotonou, 30 mai 2019.

Mesdames et messieurs les ministres,

Je suis honorée de prendre la parole au nom de l’Université Laval pour présenter le partenariat technique noué avec le CAMES depuis 2017 et dont la convention a été signée officiellement en 2018.

Au cœur de ce partenariat se trouve un projet majeur que j’ai le bonheur d’accompagner, à savoir la construction d’une archive numérique ouverte panafricaine pilotée par le CAMES dans le but de mettre en valeur et de rendre disponible à tous et toutes le riche patrimoine scientifique des États de l’espace CAMES (19 pays d’Afrique francophone subsaharienne). Une subvention du CRSH a permis ce partenariat en 2018.

Cette archive, nommée DICAMES et accessible à l’adresse https://savoirs.cames.online/, est un site web dans lequel sont déposées, avec la participation des universités et de leurs bibliothèques, des copies numériques de toutes les thèses, de tous les mémoires, articles et autres documents scientifiques produits dans les institutions d’enseignement supérieur et de recherche des pays de l’espace CAMES.

Ces fichiers sont lisibles en ligne et téléchargeables non seulement par les chercheurs et chercheuses en train de faire leur recension des écrits, mais aussi par les enseignants et enseignantes universitaires qui désirent tenir leurs cours à jour ou distribuer des textes complémentaires à leurs étudiants et étudiantes, par ces derniers et ces dernières pour compléter leur formation ou préparer leurs recherches dans le cadre du processus LMD, mais aussi par les médecins, enseignants et enseignantes du secondaire ou du primaire, ingénieur-e-s, professionnel-les de santé et de travail social, juristes, agronomes, journalistes et décideurs, etc., qui veulent prendre des décisions éclairées par des données probantes ou par des recherches rigoureuses faites en Afrique par des personnes qui connaissent le contexte.

Ce projet a donc un but très pragmatique, mais aussi symbolique : valoriser et faire connaître au monde entier le génie de la recherche africaine, faite par et pour les Africains et les Africaines, malgré les nombreuses difficultés que vous connaissez bien.

C’est aussi pour appuyer ce génie que nous pilotons la création d’une plateforme web d’appui à la recherche africaine et à sa diffusion. Elle comporte de nouvelles revues panafricaines, plurilingues en libre accès, mais aussi des blogs de science, des outils d’aide à la recherche et une liste des ressources documentaires libres sur l’Afrique. C’est la plateforme scienceafrique.org.

Le troisième axe de notre partenariat vise le développement d’une expertise en recherche action et en apprentissage expérientiel dans plusieurs universités de l’espace CAMES.

Je termine en rappelant que pour que tous ces projets aient un réel impact sur le développement durable de l’Afrique francophone, il faut que l’accès à la connexion s’améliore et se démocratise, notamment sur les campus qui doivent pouvoir être équipés d’un wifi universel. Pour les universités, cet enjeu est décisif et les gouvernements peuvent jouer un rôle majeur dans la négociation de cet accès avec les fournisseurs web qui opèrent en Afrique.

Derrière les ministres, le Secrétaire général du CAMES et les partenaires, à droite!

Speech delivered by Florence Piron, full professor at Laval University, at the plenary meeting of the 36th session of the Council of Ministers of the African and Malagasy Council for Higher Education (CAMES), Cotonou, 30 May 2019.

Ladies and gentlemen, ministers,

I am honoured to speak on behalf of Université Laval to present the technical partnership established with CAMES in 2017 and officially signed in 2018.

At the heart of this partnership is a major project that I had the joy to support, namely the construction of a pan-African open archive led by CAMES in order to showcase and make available to all the rich scientific heritage of the CAMES territory (19 countries in sub-Saharan French-speaking Africa). A SSHRC grant enabled this partnership in 2018.

This archive, named DICAMES and accessible at https://savoirs.cames.online/, is a website in which digital copies of all theses, dissertations, articles and other scientific documents produced in higher education and research institutions in the CAMES territoty are deposited, with the participation of universities and their libraries.

These files are readable online and downloadable not only by researchers reviewing the literature, but also by academics who wish to update their courses or distribute complementary texts to their students, by students to complete their training or prepare their research as part of the LMD process, but also by physicians, secondary or elementary school teachers, engineers, health and social work professionals, lawyers, agronomists, journalists and decision-makers, etc, who want to make informed decisions based on evidence or rigorous research done in Africa by people who know the context.

This project therefore has a very pragmatic but also symbolic goal: to promote and make known to the whole world the genius of African research, carried out by and for Africans, despite the many difficulties you know well.

It is also to support this genius that we are leading the creation of a web platform to support African research and its dissemination. It includes new pan-African, multilingual, open access journals, but also science blogs, research tools and a list of open documentary resources on Africa. It is the scienceafrique.org platform.

The third axis of our partnership aims to develop expertise in action research and experiential learning in several universities in the CAMES territory.

I would like to conclude by reminding you that for all these projects to have a real impact on the sustainable development of French-speaking Africa, access to web must be improved and made more democratic, particularly on campuses, which must be equipped with universal wifi. For universities, this issue is decisive and governments can play a major role in negotiating this access with web providers operating in Africa.

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