La science ouverte : un big-bang nouveau dans l’histoire de la science. Lettre ouverte à Professeure Florence Piron

Rinsy Inson MichelAuteur : Rency Inson Michel, Haïti

Rency Inson Michel a ouvert les yeux à la lumière à la Grande Rivière du Nord, une commune du nord d’Haïti. C’est là qu’il a fait ses études primaires et secondaires avec brio. Aîné d’une famille de cinq enfants, Rency est détenteur d’un diplôme de DELF, de certificats de formation dans divers domaines tels la communication, le leadership et gestion de ressources… et de surcroit des certificats d’honneur et mérite pour des séances de formation qu’il a animées. Âgé aujourd’hui de 24 ans, Rency est sur le point de boucler le cycle de formation en sociologie qu’il suit depuis octobre 2012 à la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’Etat d’Haïti. Très passionné par la recherche, il souhaite poursuivre sa formation universitaire jusqu’au niveau du doctorat et parvenir à se tailler une place de choix dans le monde scientifique.

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Viv lasyans pou tout moun.

Sa se yon zouti tou nèf pou nou valorize lang kreyòl la. Se yon zouti tou nèf poun montre tout moun a klè nou kapab itilize lang kreyòl la, menm jan ak tout lòt lang, pou nou fè lasyans. Se yon fason tou nèf pou nou kwape tout diskriminasyon ak enjistis ke lang kreyòl la ap sibi.

Chapo ba pou ou manzè Florence.

À en croire la romancière canadienne Madeleine Ferron, « dans la vie, les hommes sont tous tributaires les uns des autres. Il y a donc toujours quelqu’un à maudire ou à remercier» Tout au moins, au travers de ces lignes, je n’ai pas à vous maudire, professeure Florence. Au contraire, je m’assigne le devoir de vous adresser des gerbes de remerciements et de félicitations pour cette initiative si louable que représente la « science ouverte ».

Les journées du 3 et 4 mars 2016 au cours desquelles s’est tenu le colloque international auquel j’ai eu le plaisir de prendre part à l’hôtel Le Plaza autour du thème « Science ouverte et libre accès aux ressources scientifiques : un outil collectif de développement durable » ont, plus spéciales que toutes autres, fait rayonner en mon être les reflets de l’explosion remplie d’émotion. La philosophie et les grands objectifs poursuivis par la science ouverte font envahir ma personnalité de jeune universitaire, de jeune très intéressé par la recherche scientifique, d’un sentiment de renforcement et d’espoir.

Cette initiative représente, à dire vrai, un puissant son de cloche capable de réveiller la Personne de science de chez nous (Haïti) dans ce sommeil de plomb qui la rafle. Du coup, c’est une nouvelle chance qui se présente à l’UNIVERSITÉ en Haïti : il n’est nullement imprudent de dire que la « science ouverte » est susceptible de permettre finalement à la pratique universitaire en Haïti d’être réellement une praxis transformatrice ayant à sa base la recherche scientifique et la valorisation des savoirs locaux.

La vision qu’incarne ce projet de « science ouverte » est altruiste et révolutionnaire. C’est un excellent outil pour la défense et la mise en valeur de nos savoirs locaux. C’est aussi un superbe outil pour contrecarrer l’exclusion qui régente la dynamique de circulation des connaissances scientifiques. Car il va sans dire que la « science ouverte », dans son essence, contribue considérablement à diminuer le caractère marchand de la circulation des connaissances.

Optimiser la dynamique « proximité-distance ». Voila un autre service que la science ouverte nous rend. Ah oui… bien sûr : aujourd’hui, les Smartphones s’imposent. Sur la cour de la fac, en salle de classe, dans les tap-tap assurant le transport en commun, à la maison… les étudiants sont là, devant leur petit écran. Cependant, en général, ils ne font que donner des « like » à des superflus se trouvant sur les réseaux sociaux, à faire des blagues, à dire des obscénités… Du coup, ces Smartphones représentent surtout pour eux un grand mangeur de temps. Et booooom, arrive ce projet de « science ouverte ». Ce dernier permet désormais à ces étudiants de faire un usage smart de leurs Smartphones. N’est-ce pas vrai, si aujourd’hui, grâce à la science ouverte, cet étudiant africain qui se trouve jusque dans son continent d’Afrique peut co-rédiger de sérieux ouvrages, de sérieux articles scientifiques avec un autre étudiant de l’une de nos facs en Haïti, par exemple ? Pendant qu’on est chacun chez soi, lui au Niger, l’autre au Cameroun ou au Sénégal…. et nous en Haïti, on use de nos Smartphones pour mieux réfl1échir et produire ensemble. N’est-ce pas que c’est joli ?

Par ailleurs, suivant la théorie marxiste, « la première condition de toute existence humaine, c’est que les humains doivent être en mesure de vivre pour être capable de faire l’histoire ». Ainsi, « le premier acte historique, c’est donc la création des moyens pour satisfaire la production de la vie matérielle. » Autrement dit, la production matérielle de la vie représente l’un des besoins vitaux de la vie collective. Cependant, plus une collectivité est armée de ressources scientifiques, plus elle est capable d’assurer sa production matérielle existentielle. D’où la pertinence du projet de science ouverte. Car il s’agit d’un projet visant à rendre accessibles à tous les ressources scientifiques. Celles-ci sont indispensables pour rompre le cycle intergénérationnel de pauvreté et parvenir enfin au développement durable tant souhaité chez nous en Haïti, par exemple. Elle est donc vitale, cette lutte de la science ouverte.

Alors, sans crainte d’être désavoué, Professeure Piron, faut-il dire que votre esprit vient d’accoucher d’un nouveau big-bang qui contribuera à abolir l’état actuel des choses du monde scientifique : il n’y aura plus d’inégalités entre les savoirs produits dans les pays du Nord et ceux du sud, plus d’inégalités entre les universités, plus de marginalisation de savoirs, plus d’injustice cognitive, plus d’impérialisme dans le monde scientifique, une réduction considérable d’inégalités de chances à l’accès aux ressources scientifiques… Ce sera joli. Non ? On doit y arriver, Florence !!! Ce qui exige non seulement science et conscience, mais surtout un engagement personnel. N’hésitez surtout pas à compter sur ce dernier. C’est tout un serment que je vous fais, professeure.

Vive la science ouverte !!!!

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