Réfléchir ensemble, écrire ensemble sur Internet grâce au projet SOHA

Andreson PierreAuteur : Anderson Pierre

Anderson est né au Cap-Haïtien, deuxième ville d’Haïti. Après ses études classiques, il laisse sa ville natale pour aller faire ses études supérieures à Port-au-Prince. Il étudie à la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’État d’Haïti en communication sociale depuis 2012. Jeune très engagé, il préside une association d’étudiants capois qui permet l’encadrement des jeunes dans sa ville natale. Depuis octobre 2015, il est le correspondant du site Actualité internationale. Son rêve, implanter au sein de sa communauté une station de radio communautaire animée par des jeunes et pour des jeunes. Pour lui écrire : andersonpierre59@gmail.com

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Si tu éprouves de la joie à partager ce que tu as et ce que tu es avec les autres
Si tu désires ardemment faire équipe avec tous ceux qui travaillent à l’éclosion d’une  »civilisation d’amour »
Si tu mets tes dons au service des malheureux de ton pays
Sois-en sur(e), ami(e), tu ne mourras jamais.

Hérold Toussaint (professeur à l’Université d’État d’Haïti), Secrets nocturnes. Regards d’Haïti, L’Harmattan. 1998

Il y a quelques jours, je regardais une vidéo sur Youtube : des jeunes de tout âge et de toute couleur se réunissaient dans une grande salle pour danser. Ces chorégraphies étaient parfaites et chacun y apportait sa touche spéciale. Et tout au fond de la salle était écrit en anglais :« Unité dans la diversité. »

Maintenant que je réfléchis, je pense qu’avec le projet SOHA (Science ouverte en Haïti et en Afrique francophone), on fait la même chose : au lieu d’utiliser nos muscles pour danser, nous les utilisons pour penser ensemble, pour apprendre un peu des autres et donner un peu de nous-même aux autres.

J’ai appris l’existence de ce projet par le biais de ma professeure du cours  « Théorie de communication II » à l’Université d’État d’Haïti, Mme Jéruscha Vasti Michel. Elle a envoyé un mail à tous les étudiants du cours pour les encourager à y participer, mais j’ai réalisé que j’étais le seul à répondre oui à cette belle aventure. Et c’est bien dommage. Il y a tellement à apprendre des autres et à partager.

D’abord, le projet en lui-même est une bonne initiative. Définir une nouvelle façon de concevoir la connaissance, d’apprécier nos savoirs culturels et de la partager. Mais pour moi, l’aspect le plus intéressant du projet est qu’il réunit des étudiants de divers pays autour d’un projet commun. Pour moi, ça a été le premier point de départ et le premier résultat du vivre-ensemble porté par le projet SOHA. J’ai appris à utiliser l’Internet et les réseaux sociaux (Facebook) d’une toute autre manière qui, finalement, a été très bénéfique. Auparavant, je l’utilisais comme un moyen de distraction, pour rencontrer des amis, passer le temps ou fuir la réalité. Maintenant, j’ai appris à l’utiliser pour réfléchir.

Dans le cadre du projet SOHA, on nous a proposé en septembre de participer à plusieurs projets pratiques à distance, par le biais d’Internet. J’ai choisi de participer à deux de ces projets pratiques : les projets « Culture, citoyenneté et vivre ensemble » et « Comment écrire un blog scientifique ».

Le premier projet sur le vivre-ensemble était présenté comme ceci aux étudiants et étudiantes membres du Collectif SOHA : « Participez à une enquête internationale étudiante sur la culture, la citoyenneté et le vivre-ensemble, entre septembre et novembre 2015, sous la direction de Florence Piron : collecter des informations, rédiger un chapitre avec des étudiants d’autres pays sur un logiciel collaboratif, publier dans un cyberlivre en libre accès ». Je me suis joint à l’équipe qui avait choisi de rédiger le chapitre sur les médias et le vivre-ensemble : des étudiants de maitrise et de licence inscrits à l’Université Laval, mais qui provenaient de différents pays, le Québec bien sûr, mais aussi la France et le Viet-Nam. Pour faire ce chapitre, nous avons dû faire des recherches sur Internet, beaucoup discuter et même mener un sondage. Les cours étaient filmés par la professeure qui les a mis sur YouTube et les étudiants prenaient des notes collaboratives en ligne, sur un framapad, ce qui nous permettait de les lire, même à distance.

Pour le deuxième projet, on devait choisir un sujet et produire un texte sur un google doc. Ainsi, les étudiants dans ce projet pouvaient se corriger, s’entre-aider et discuter sur les points qui ont été abordés. Nous avions aussi la possibilité d’inviter d’autres personnes à nous lire.

Ces deux expériences m’ont amené à mieux m’équiper pour l’accès à Internet qui était la seule manière pour moi de participer à ces belles aventures intellectuelles. Et j’ai le sentiment d’en avoir fait partie à part entière, même si j’étais en Haïti, à des milliers de kilomètres des autres participants.

Cette pratique du vivre ensemble, de produire ensemble m’a permis de nouer des contacts, de rencontrer des gens de cultures différentes, notamment Myriam Adam de France, Tuê du Viet-Nam, Hamissou du Niger. Madame Florence Piron nous a beaucoup épaulés. De notre groupe Facebook Projet Citoyenneté, culture et vivre-ensemble, j’ai énormément appris. J’ai visité presque tous les liens qui ont été partagés, j’ai lu les articles, ce qui m’a permis d’acquérir de nouvelles connaissances et d’apprendre à faire des analyses objectives.

Cette expérience, j’ose l’espérer, est le premier pas d’une longue et belle aventure. Et j’ai encore beaucoup à apprendre, nous avons beaucoup à apprendre et à partager. Mais une telle initiative doit atteindre de plus en plus de monde, plus d’universitaires si possible. Dans les ténèbres où se trouve notre planète, nous pouvons être, à un niveau ou à un autre, la petite lueur qui fait jaillir l’espoir.

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